Une crise ?
La crise des systèmes naturels, énergétiques et économiques forme l’étoffe de notre époque singulière.
Cette crise est globale, complexe et multiforme. Fait longtemps impensable, l’action humaine façonne désormais de manière déterminante des systèmes à l’échelle planétaire tels que le climat. Des pans entiers de notre biosphère sont fondamentalement modifiés. Les océans, les sols, la biodiversité…
Nous avons une maîtrise toute puissante de notre environnement que nous arrivons maintenant à façonner selon notre imagination et au-delà de tous nos rêves. Nous sommes à l’ère de l’anthropocène. Mais :
- Aucune énergie alternative (renouvelable ou autre) n’est en mesure de fournir de l’énergie aussi bon marché et aussi concentrée que les énergies fossiles en temps et en heure, et dans le court délai qui reste.
- Les infrastructures de transport, d’électricité, les bâtiments et les systèmes alimentaires ont été conçus en rapport avec les caractéristiques du pétrole, du gaz naturel et du charbon, et, en France, du nucléaire. Passer à des énergies différentes supposera de redessiner et reconfigurer la plupart de ces infrastructures.
- D’autres indicateurs s’affichent de manière préoccupante sur le grand tableau de bord que notre technoscience ouvre sur l’état visible et invisible de notre anthropocène, mais les deux signaux précédents sont suffisamment clairs pour mobiliser notre attention en priorité…
Une prise de conscience
Nous prenons conscience que nous vivons aujourd’hui la fin de la période de la plus grande abondance matérielle jamais connue au cours de l’histoire humaine – une abondance fondée sur des sources temporaires d’énergie concentrée et à bon marché qui a rendu possible tout le reste. A l’heure où les sources les plus nécessaires à cette abondance matérielle entrent dans un déclin inévitable et irréversible, nous abordons une période de contraction économique généralisée.
Cette prise de conscience d’un effondrement probable, mais imprécis, nous laisse face à un effroi vertigineux qui nous paralyse.
A quoi bon réagir si la fin du monde est proche et si les processus engagés sont irréversibles ? Après-nous le déluge !
Des solutions adaptations
Pour y réagir, nous sommes convaincus de la nécessité de contribuer à l’élaboration des transitions vers les sociétés de l’après-pétrole, les sociétés de sobriété.
La transition est proposée depuis quatre décennies, sans résultats. A relire le rapport Meadows de 1972, les enjeux pressentis à l’époque sont aujourd’hui révélés. La société est plus réceptive qu’hier, fragilisée dans ses assises par la crise qui s’installe et va se révéler être une récession. Les stratégies de transition doivent aujourd’hui être pensées et proposées comme une alternative centrale et non marginale pour la société.
Pour cela, il faut que chacun fasse sa part à son niveau, on est jamais aussi bien servi que par soi-même. Lorsque les interconnexions entre les myriades d’initiatives et de réflexions qui, ici et là, forment une transition soutenable seront établies, notre civilisation pourra changer.
Ici et maintenant, hier et demain
La permaculture et l’agroécologie sont le cheval de Troie d’une (r)évolution en marche. Depuis Voltaire, cultiver son jardin au pays de Jean-Jacques Rousseau n’a jamais porté autant de sens.
Saint-Alban-Leysse (Savoie), mars 2017