Et si le Grand Chambéry voulait atteindre son autonomie alimentaire ? Combien d’hectares de cultures faudrait-il ? La zone urbaine est densément peuplée mais il y a les vastes espaces des Bauges ! Faisons le calcul avec le simulateur PARCEL proposé par Terre de Liens et la FNAB…
Avec près de 140 000 habitants, le territoire du Grand Chambéry s’étend sur 52 597 hectares, dont 12 300 hectares d’espaces agricoles et environ 30 000 hectares de forêts.
La population active occupe 52 000 emplois, et compte 350 agriculteurs qui cultivent les 12 300 hectares de SAU du territoire dont 12 000 hectares de prairies permanentes.
Avec le régime alimentaire actuel, la simulation PARCEL indique que la surface actuelle pourrait nourrir 24% de la population. Mais ceci au prix d’un changement important dans l’affectation des surfaces. Le simulateur n’entre pas dans ces détails mais le doublement du nombre d’emplois agricoles est un indicateur d’une nécessaire intensification des productions. Cela impliquerait la conversion d’un grand nombre de prairies permanentes en grandes cultures, agroforesterie ou maraîchage, ce qui reste très théorique vu le territoire concerné.
Essayons de nourrir plus de monde avec la même surface en réduisant fortement la consommation de produits animaux par rapport à aujourd’hui. Le simulateur propose de diviser cette consommation par deux. Elle sera remplacée par des productions végétales. Avec cette nouvelle hypothèse, notre surface agricole de 12 300 hectares pourrait donc théoriquement nourrir 49% de la population, soit 70 000 personnes. On passe cette fois à 1000 emplois agricoles.
Un indicateur préoccupant s’affiche dans cette dernière simulation : Les émissions de CO2 par hectare augmentent de 4%. Notre agriculture utilise les techniques conventionnelles donc avec des impacts écologiques qui aggravent la dégradation des sols, la pollution des eaux et la destruction de la biodiversité. Le moyen proposé par le simulateur PARCEL pour être plus vertueux en terme de climat, biodiversité et sols est donc de basculer la production en mode « bio ».
Selon cette simulation, une agriculture « bio » respectueuse de l’environnement permettrait de nourrir seulement 27% de la population du Grand Chambéry. Le nombre d’emplois agricole serait multiplié par 3,5 par rapport à aujourd’hui et passerait à 1 240, soit 2,4% de la population active.
La surface théorique pour nourrir la population du Grand Chambéry en « bio » serait de 45 500 hectares employant 4 590 personnes. Cette surface n’est pas mobilisable étant donnée la géographie du territoire. L’autonomie alimentaire du département de la Savoie n’est guère plus accessible puisque l’essentiel des surfaces agricoles sont constituées de prairies naturelles. Le modèle d’agriculture de référence dans le modèle PARCEL, et dans une moindre mesure le modèle d’agriculture bio, consomment des intrants et sont fortement dépendants des énergies fossiles.
Pour nourrir 140 000 habitants en limitant au maximum les impacts sur l’environnement et les transports, il faudrait donc développer un modèle agricole en jouant sur de nombreux paramètres :
- Régime alimentaire adapté au contexte local
- Echanges avec les territoires voisins (et au-delà du département)
- Augmentation des emplois agricoles (d’un facteur 100 à 200)
- Amélioration des productions en réduisant les impacts écologiques et environnementaux
- Relocalisation de toutes les filières de transformation agricoles (agro-alimentaire)
- Développement de l’agriculture vivrière et d’espaces nourriciers à proximité des habitations
- …
Sources :
Pour aller plus loin :
- Étude « Agricultures européennes en 2050 » conduite par INRAE à la demande de l’association Pluriagri
- Guide Les Greniers d’Abondance « Vers la résilience alimentaire »