Est-il possible de cultiver un jardin naturel sans être propriétaire ou locataire d’un terrain ? En Savoie, la réponse est très certainement oui, et même si les terrains disponibles se font rares sous le Nivolet, nous sommes très loin de cultiver et de valoriser tout l’espace disponible. Au point où nous en sommes dans l’urbanisation du « sillon alpin nord », la préservations des espaces naturels résiduels et la renaturation et la revitalisation des espaces délaissés devrait même être une obligation. Les trames vertes et bleues, les corridors biologiques et les espaces sensibles devraient être aussi connus et lisibles que les autres caractéristiques du territoire.
Cultiver à l’intérieur ou sur une terrasse
Même sans aucun terrain, il est toujours possible de cultiver en intérieur ou en extérieur sur votre terrasse, bordure de fenêtre ou balcon. Mais attention, la règlementation française du bio impose que les cultures soient reliées au sol, à la terre, pour obtenir le label bio, et ce n’est pas qu’une question de principe. Dans une perspective durable, soutenable, et en permaculture, il faut rester raisonnable sur les moyens à mobiliser pour cultiver hors-sol.
Nous dirons donc que vous pouvez donc cultiver « bio » presque partout.
A l’intérieur ou dans un bac de culture extérieur, puisque vous pouvez contrôler la qualité du sol et le plus souvent les apports en eau, la lumière sera le seul paramètre déterminant pour savoir ce que vous pourrez cultiver. Il est plus facile d’ajouter des ombrières pour limiter le soleil que des miroirs pour capturer un maximum de lumière. Une lumière directe est préférable, même si des plantes d’ombres peuvent survivre sur un mur nord. Le capacité de vos plantes à stocker du carbone et donc à grandir sera toutefois proportionnelle à la quantité de lumière solaire qu’elles pourront capter pour la photosynthèse.
Dans le pire des cas, vous pouvez encore cultiver des champignons.
Il est aussi possible de cultiver en intérieur avec des lampes agricoles, mais ceci ne présente un intérêt que pour des cas particuliers ou temporaires. Consommer de l’électricité et des équipements ayant utilisé de l’énergie et des matières premières pour faire pousser des végétaux n’est à priori pas une idée très économique, et encore moins écologique, surtout si vous ne maîtrisez pas l’origine de votre électricité.
A l’intérieur, les cultures restent plus délicates car le milieu est beaucoup plus artificiel. Si la température régulée autour de 19°C peut être un avantage, l’hygrométrie idéale pour votre appartement sera sans doute moins favorable aux plantes. De plus, elles ne bénéficieront pas de certaines des interactions positives ou régulatrices de leur écosystème : sol, bactéries, insectes pollinisateurs et autres végétaux ou animaux.
Le second paramètre correspond à la charge que votre plancher pourra supporter, qui déterminera la taille et donc le poids maximum de vos bacs de culture. Un plancher peut théoriquement porter quelques centaines de kilogrammes. Donc soyez prudents si vous couvrez plus de la moitié de votre surface de bacs de 50 cm de profondeur !
Enfin, la facilité avec laquelle vos cultures pourront avoir accès à l’eau est également importante.
Vous pouvez faire pousser dans des sacs, des pots, des jardinières classiques mais l’idéal, ce sont de grandes jardinières à réserve d’eau, ce qui permet de se rapprocher le plus d’un sol vivant.
Pour trouver les plans et la description de ces bacs de cultures dits « wicking bed », vous pouvez vous rendre par exemple sur le site de Benjamin Broustey.
Faire un jardin chez un voisin
Votre voisin a un terrain ou un jardin qu’il n’entretient pas, ou qu’il entretient avec de grands et coûteux efforts pour rendre cet espace monospécifique, stérile, pollué et fragile ? Il ne tient alors qu’à vous d’aller le convaincre de vous en confier la gestion pour tout ou partie, en trouvant, c’est le cas de le dire, un terrain d’entente.
Il existe par exemple les sites PlantezChezNous, ou PrêterSonJardin, qui recensent des annonces de jardins à partager pour une personne qui veut créer un potager. Le principe des annonces est basé sur l’échange : une personne possède un bout de jardin qu’elle prête à un jardinier, qui cultive un potager et partage une partie des récoltes avec le propriétaire.
Pour les plus pointilleux, le site Préter Son Jardin met à disposition un modèle de contrat !
S’inscrire dans un jardin familial ou un jardin partagé associatif
Depuis très longtemps, des terrains communaux sont mis à disposition de particuliers pour y cultiver des potagers.
C’est également le cas de certains terrains privés ou industriels non utilisés ou de « délaissés », tels que certaines bordures de voies ferrées, qui ont été autrefois cultivées par des cheminots. La ville de Chambéry dispose de six jardins familiaux. Les communes de l’agglomération gèrent ou font gérer par des associations de nombreux lieux :
Sites internet de jardins familiaux de quelques communes de Chambéry Métropole :
- Jardins familiaux de La Motte-Servolex
- Jardins familiaux de La Ravoire
- Jardins familiaux de Barberaz
- Jardins familiaux de Saint Jean d’Arvey (inauguration le 30 avril 2016)
- Jardins familiaux de Saint Alban Leysse
A Chambéry :
- Le jardin du Paradis
- Les jardins de la Leysse
- Les jardins de la Cassine (fermé)
- Les jardins du Lémenc
Cultiver sur l’espace public, ou dans des délaissés
Après avoir vérifié, ou pas, à quoi vous vous exposez, vous pouvez prendre la décision de cultiver dans des endroits précaires. Ni la pérennité de vos culture ni les récoltes ne seront garanties. Mais vous n’avez pas besoin de beaucoup de ressources pour le faire. Un peu de temps, quelques éléments collectés, quelques graines…
Du Guerilla Gardening au Seed Bombing et à Incroyables Comestibles, vous avez le choix.
Planter, Partager, Cultiver !